vendredi 29 juillet 2011

Le convoi de l'eau


"Le convoi de l'eau" d'Akira YOSHIMURA est un conte noir. Inspiré de légendes, de faits divers et de la grande Histoire du Japon, il marque de manière cruelle et poétique le lien des japonais à la terre, à la mort et aux traditions.
A la fin de la seconde guerre mondiale, une vallée en haute montagne est découverte, lieu idéal pour devenir un étang de rétention d'eau d'un futur barrage. Mais en son milieu un hameau ancestral vit ici en complète autarcie. La machine économique a choisi: construire le barrage, détruire le hameau.

Dans ce contexte extrême de travail, les saisons passent, les explosions se succèdent et la cruauté humaine est apparente. Les ouvriers et les autochtones ne se mêlent pas. Les uns dédommagés de leur labeur par un salaire conséquent. Les autres, dédommagés de leur terre et de leur destin devenu précaire, pour un prix symbolique.

Le narrateur n'est pas venu là pour l'appât du gain.
"Et jusqu'à notre arrivée dans la vallée, à chaque pas j'entendais un léger bruit provenir de la boîte. Un cliquetis comme celui de la bille de verre qui ferme les bouteilles de limonade ou de coquillages s'entrechoquant, que je ressentais dans mon corps. Ce bruit qui martelait des reproches pendant que je continuais à marcher. Je ne cessais de marcher en attisant ma haine envers ma femme."
Il fuit et recherche un isolement. Il semble trouver une tranquillité dans la vision de celle du hameau, dans ce lieu en pleine nature, lié aux éléments, humide, et jusqu'ici permanent, sur la défensive. Ému par sa destruction programmée, il trouve en la vivacité de ses habitants non une fatalité mais une force. D'un côté, les ouvriers détruisent pour l'avenir économique du pays, les habitants du hameau, eux, semblent se laisser désaisir tout en reconstruisant leur village prévu à l'inondation.

Mais comment abandonner leur lieu de sépulture, symbole de cette communauté encore préservée?
"Pour la vie en pleine montagne, la moindre parcelle de terre cultivable est précieuse. Les terrains plats des vallées doivent naturellement être cultivés et le cimetière aurait dû se trouver dans les bois à proximité. Du point de vue du bon sens, l'étendue occupée par les tombes du cimetière ne pouvait être que disproportionnée pour des montagnards en manque d'espace cultivable."
Et c'est bien la mort, aiguisée par les drames, qui est le personnage principal dans ce lieu clôt. Elle apparait dans cette impermanence de la vie, dans une logique différente: corps utilitaire de l'extrême et mort indemnisable, mort sacralisée ou ritualisée dans le village.
Elle revêt toutes ses formes, clivages d'un même "sacre". Le contexte dramatique de la mort et la dépouille (l'inhumation, l'incinération, l'hommage mais aussi la décomposition). Mais aussi le respect symbolique aux morts ou le sacrilège et la profanation.

Le combat des villageois contre les éléments, l'expulsion et l'extérieur, envahissant et scrutateur, fait écho à la force des émotions du narrateur. Les actes prennent ici un sens aigu, poétique et dramatique. La honte, la trahison, comme l'expiation des fautes, le repentir ou le pardon trouvent un échappatoire surprenant. Les uns sauvés par l'autre, ce dernier apaisé par eux.
La force du propos est aussi dans ce dynamisme à reconstruire dans un cycle de vie dramatique: les mousses des toits restant pour moi un des moments forts de ce récit.

samedi 23 juillet 2011

Se rajoutent d'autres lectures... mais pas forcément de billets

Comme il est facile de lire... et difficile d'en parler. Comme pourrait me dire une amie, faisant écho à aux réflexions menées avec une autre, c'est peut-être parce que je lis trop vite, que je ne malaxe pas le texte, que je ne laisse pas au temps le soin de digérer. Et elles ont raison et comme j'aimerais pouvoir vraiment déguster le texte, lire entre les lignes, faire miennes certaines.

Je suis de celles qui lisent assez lentement mais ma compréhension semble assez juste. Je vous invite d'ailleurs à effectuer le test vous aussi: il permet de connaitre la vitesse mais surtout la compréhension d'un texte, soit l'efficacité de lecture (et cela donne des impressions en mpm, mots par minute, pourcentage de compréhension et en mepm, mots efficaces par minute). Je vous envoie délibérément sur un test plus complexe que la majorité de ceux proposés en ligne, cela permet de parler de philosophie en même temps en lisant "De la brièveté de la vie" de Sénèque. Je vous recommande d'ailleurs ce blog, Des livres pour changer de vie, qui parle de certains essais que j'ai lu sans en parler, ici ou ailleurs, mais en insistant sur leur apport avec des billets très détaillés et argumentés. Je vous en parle en seconde partie de billet.
Et question test, l'idée est juste de connaitre la pertinence de notre compréhension à la lecture. Je n'ai aucune envie de vouloir gagner du temps en escamotant un texte. Et j'ai heureusement le luxe de ne pas être obligée de lire à des fins professionnelles juste pour accumuler les informations.

Alors oui, ma vitesse de lecture ne me permet pas de les multiplier à l'envie. Mais sur ce blog ce n'est pas le propos. Pourtant j'avais dans l'idée de proposer un carnet de bord de lectures pour me rendre très vite compte que c'était juste impossible, présomptueux et peu honnête. Parce que je ne suis qu'une lectrice, parce que mes mots sur l’œuvre des autres ne sont rien qu'un peu de bruit dans l'eau, une certaine fanfaronnade. Que le principal est ailleurs: en fait dans l'acte de proposer un écrit, un texte, une œuvre, une émotion.
Parce que je ne lis pas de la même manière un roman, un album jeunesse (là c'est une évidence pas si nette que cela!) ou un essai. Que certaines lectures n'ont pour but que la décontraction de l'esprit, qu'une rêverie guidée et semblent ne me laisser le choix que de faire un pitch sans rien de plus. Que d'autres apportent une sensation peu définissable, soit trop profonde, soit si peu. Ma catégorie "en attente d'un billet présente d'ailleurs ces lectures, quelques fois atypiques, quelques fois au rendu trop personnel, dont je n'arrive pas encore à parler sur ce média.
Et puis aussi j'aime insister sur les lectures qui m'ont apportée plus qu'une histoire, même si souvent je me précipite bien avant de pouvoir proposer un retour sensitif ou argumenté équivalent à mon plaisir ou mes apports de lecture. Parce que sinon à quoi bon écrire sur les livres... à quoi bon aussi écrire publiquement (et anonymement), sans même une crédibilité quelconque autre qu'être une lectrice attentive.

Alors oui, des livres embarqués pour les vacances, j'en ai lus 6 et encore aucun billet ne vient. Pourtant l'envie d'en parler est là... tout le paradoxe des bloggeuses littéraires, sûrement. Mais pire encore (en terme de qualité de lectures fondatrices, qui, même pour un roman, apportent une réflexion, un focus permettant d'avancer dans nos vies réelles) et mieux aussi pour une shootée à l'émulation, pourquoi pas intellectuelle que je suis, d'autres livres sont venus sur la pile.
- "Le convoi de l'eau" de Akira YOSHIMURA, sorte de conte noir et puissant mettant en avant les valeurs, la mort, le respect d'une manière assez sidérante
- "L'art de la guerre pour les femmes, pour vaincre sans conflit" de Chin-Ning CHU où comment mettre en pratique les fondements taoïstes pour l'émancipation féminine, leur évolution professionnelle et une certaine féminité des actes.
- "Le souffle du jasmin, Inch'Allah 1" de Gilbert SINOUE saga qui m’amènera dans une histoire du Moyen-Orient
- "Les poings dans mes poches crevées" d'Arthur RIMBAUD, une sélection de poèmes pour appréhender l'auteur dès l'enfance... pour me replonger dans mes lectures d'adolescente où j'ai lu en boucle les "Illuminations" tout un été.

***
Dans les essais que je n'ai pas commenté et qui pourtant méritent que l'on s'y attarde, il y a:
- « S’organiser pour réussir, la méthode GTD » de David ALLEN que je n'ai pas mis en pratique, sinon ça se saurait ;). C'est une technique managériale pour ne plus être en procastination administrative, que ce soient des tâches fonctionnelles de bureau, de chef d'entreprise ou de gestion domestique d'un foyer. Pour vous faire une idée, n'hésitez pas à lire ici.
- "L'art de la méditation" de Matthieu RICARD a été aussi une lecture attendue. Ce sont des techniques de méditations pour arriver à la sérénité. Les bénéfices sont présentés, les méthodes à disposition de tous. J'en reparlerais, en attendant n'hésitez pas à lire ici

mardi 12 juillet 2011

Misako

© Lisa BRESNER et Batia HOLTON/ éditions Memo

"Misako" de Lisa BRESNER et illustré par Batia HOLTON fait aussi parti des livres que j'aurais aimé avoir dans la bibliothèque familiale. Et ce presque juste pour son auteure, Lisa BRESNER, dont j'ai aimé les incursions chinoises.

Ici c'est dans la ville de Kyôto que nous allons. Misako est une enfant au caractère bien trempé. Elle sait ce qu'elle aime et n'aime pas. Elle a la tête un peu en l'air et de petites manies pour faire l'intéressante. Son univers est rythmé au son des claquements de geta sur le trottoir. Ce son, chéri depuis l'enfance, est le seul à l'apaiser et à même de la réveiller.

© Lisa BRESNER et Batia HOLTON/ éditions Memo

"Il n'y a qu'une chose que je n'oublie jamais, c'est le gata gata de ses pas, le matin, quatre minutes et vingt-sept secondes après le coup de gong du temple des Trois Tortues.
Kan kan
Aujourd'hui, presque plus personne ne porte de Guéta, ces belles chaussures en bois montées sur des talons de santal, le cordon se glisse entre le gros orteil et le deuxième doigt de pied."

Mais un jour, la mystérieuse personne aux getas ne passe pas à l'heure du gong. Sa grand-mère lui avait raconté que pour qu'un vœu soit exaucé il faut traverser les 5 ponts de Kyôto sans prononcer un mot. Misako alors fait ses bêtises pour de vrai et, au lieu de partir à l'école, décide de traverser les ponts afin de retrouver ce son régulier qui la calme et la sécurise le matin.

Alors le village défile avec ses transports, son architecture, sa poésie, ses vendeurs ambulants. Mais ce n'est pas si simple de ne pas dire un mot pendant si longtemps. Des imprévus, un vieillard qui demande l'heure, une proposition et un début de drame ne vont pas lui rendre le silence facile.

© Lisa BRESNER et Batia HOLTON/ éditions Memo

Ce livre est plein de poésie, de sagesse (le tintement de la cloche permet de se rafraichir). Nous suivons une certaine manière de vivre au Japon, en parcourant les ponts de Kyôto. L'atmosphère est encore mieux rendue avec toutes ces sensations. Les bruits de la ville, du souvenir, de l'amitié (claquements, résonances, politesses) apparaissent au cœur du texte en japonais et sont repris en fin de livre. L'histoire se lit sans avoir besoin de la traduction. Les mots japonais donnent un rythme et la traduction faite, l'histoire prend encore plus de musique.
Les illustrations de Batia HOLTON sont très belles, malgré que la maison d'éditions ai choisie la moins belle à mon goût pour couverture. Une place de choix est offerte aux ciels mais aussi à une certaine idée que l'on se fait du Japon, de la poésie dans la verdure, de la tradition mais aussi des intérieurs.

lundi 11 juillet 2011

Thésée et le minotaure

© Christine PALLUY et Élodie NOUHEN/ Milan jeunesse

Cela fait longtemps que cette collection "Le fil d'Ariane" me tente. Mais à chaque fois, soit les livres ne sont pas présents dans ma petite librairie (et j'aime par dessus tout feuilleter avant d'acheter, même si je suis sûr d'aimer), soit l'exemplaire est abimé. Alors ce prêt à la bibliothèque a fait notre bonheur "temporaire".

Je voulais commencé par lui. "Thésée et le minotaure" adapté de Christine PALLUY et illustré par Élodie NOUHEN. Et cet album est une merveille.

Le texte est assez long sans être pesant permettant une concentration constante de l'enfant. Les termes sont précis et l'histoire très claire... pour de la mythologie aux croisements interminables ce n'était pas évident.
Ici nous démarrons avec Thésée consterné par le sacrifice que les athéniens font au roi de Crète, Minos, en remontrance d'un drame accidentel : 14 jeunes gens sont prêts à être donnés en pâture au Minotaure enfermé dans le labyrinthe. Le jeune prince décide de prendre la place d'un jeune homme et de tuer le Minotaure. Et nous suivons donc l'exploit de Thésée aidée par la fille de Minos, Ariane... et son fil.

© Christine PALLUY et Élodie NOUHEN/ Milan jeunesse

Le parti-pris de l’adaptation est de mettre en avant juste quelques personnages offrant ainsi une fluidité au texte. Les personnages principaux ont aussi à un moment donné du récit une police de caractère les mettant en valeur avec un petit symbole. Cela permet une fois cette légende mythologique lue d'en ouvrir d'autres grâce à un petit feuillet en complément qui reprend une autre petite partie de l'histoire du cycle: qui est le minotaure? Quelle est la rencontre du roi Égée et de son fils ? etc...

© Christine PALLUY et Élodie NOUHEN/ Milan jeunesse

Les illustrations d’Élodie NOUHEN apportent beaucoup aussi. C'est vrai que j'étais conquise même avant de lire le texte. Ses personnages nous offrant leur profil et quelque fois trois poils de barbe amènent une étrangeté. Les tons ocres, virant au bleu ou au rouge, marquent des émotions précises. Le sang et la mort sont superbement symbolisés par la couleur, une ligne déchirant la page, une voile ou une vague... et j'ai aimé retrouver le minotaure en trame presque dans toutes les illustrations, en labyrinthe organique aussi.

vendredi 8 juillet 2011

Pour l'été, j'ai emmené

... des lectures plaisirs, de jolis divertissements... des mots doux, des mots simples, de belles histoires, des retours en enfance... des mots d'encouragement, des mots de soutien... des introspections au scalpel, chirurgicales et déroutantes... de la philosophie douce, puis plus pousser...

"L'art de la simplicité" de Dominique LOREAU, un autre tome de l'auteure, pour m'encourager à aller plus loin dans une certaine philosophie de vie, presque une hygiène de foyer.
"Tom, petit homme, tout petit homme, Tom" de Barbara CONSTANTINE pour ce petit passage, comme un petit plaisir régressif, une petite histoire un peu douceureuse qui fait du bien.
"Socrate Jésus Bouddha" de Frédéric LENOIR pour continuer dans cette vulgarisation claire mais non moins pertinente de ces philosophies de vie... en continuité avec le "Petit traité de vie intérieure"
"Mange, prie, aime" d'Elizabeth GILBERT pour retrouver le charme de Julia ROBERTS (interprétation filmée)... et puis qui sait un peu de philosophie, entre gourmandise et spiritualité, exotisme, l'ailleurs et l'ici, maintenant
"La puissance d'exister" de Michel ONFRAY, pour philosopher, pour scruter si sous cet aspect la vie est celle que j'ai envie de vivre, entre le fantasme et un récit de vie amenant à la philosophie... pour suivre mon envie de départ
"Socrate dans la nuit" de Patrick DECLERCK, pour suivre cet homme, ce déjà cadavre dans une introspection de la pourriture humaine comme de sa pétulance radieuse, pour décortiquer, fouiller les viscères, les souillures, les lâchetés, les désirs, les impuissances... la mort... de Socrate. Hum, beaucoup de Socrate cet été!
... Nicolas FRAGUES et Julien BLANC-GRAS juste pour finir les billets ébauchés à la maison... le second c'est fait (cliquez sur les auteurs, le premier arrive!)
"Walden ou la vie dans les bois" de Henry David THOREAU pour ce cheminement vers l'épure... un jour
"Le dernier roi d'Angkor" de Jean-Luc COATALEM pour le rendre à celle qui me la prêté, ici même ... en attendant de finir un autre livre voyageur, Libouli je ne t'oublie pas
"Explorateurs junior" pour les apprentissages du lutin
"Miss Charity" de Marie-Aude MURAIL et illustré par Philippe DUMAS pour fantasmer une enfance, vivre des passions et une vie trépidante quand moi je n'étais qu'une ombre...

dimanche 3 juillet 2011

Mezek

© Yann et André JUILLARD/ Le lombard

"Mezek" de Yann et illustré par André JUILLARD est une bande-dessinée historique. En 1948, le jeune état d'Israël n'a pas encore assez de jeunes pilotes pour former une armée aérienne renforcée. Pour soutenir le peuple et faire face aux attentats des nations alentour, la nation a choisi de faire appel à des mercenaires aviateurs des autres pays, des goyims (non juifs).

Björn est ainsi un engagé volontaire suédois. Comme les autres pilotes, il combat sur les mezeks, avions allemands estampillés de l'étoile juive. Peu fiables, ce n'est pas le seul ennui qu'a cette force armée: peu d'avions de qualité en temps d’embargo, des sabotages et aussi des tensions entre les mercenaires grassement payés et les jeunes aviateurs juifs israéliens totalement inexpérimentés.
© Yann et André JUILLARD/ Le lombard

Cette bande dessinée offre un réel intérêt pour comprendre la situation du jeune état israélien et ses rixes politiques intestines. En suivant Björn et ses passions charnelles c'est aussi une implication féminine dans l'armée qui apparait sur cette terre peut-être plus qu'ailleurs.
Malgré le classicisme des illustrations, j'ai été portée par le charisme du personnage principal, dans cet univers aux descriptions bien documentées et dans ces jeux stratégiques pour gagner le droit d'exister en tant que nation. Le suédois apporte aussi mystérieusement sa part à l'édifice du souvenir.

N'hésitez pas à lire ici et d'autres avis bien plus construits et enthousiastes.

samedi 2 juillet 2011

Touriste

J'ai pris un énorme plaisir à lire le roman "Touriste" de Julien BLANC-GRAS. D'ailleurs est-ce vraiment un roman ou des moments de vie bien vécues par ce journaliste tant les situations sont criantes, et d'"authenticité" et d'humeur particulière?

Le narrateur nous amène épisode par épisode sur des continents différents. L'importance est donné aux hommes, autochtones ou touristes, aux situations et quiproquos avec l'étranger, et non aux monuments et ou "appels touristiques".
Le propos est efficace, plein d'humour, de pertinence, d'un grain de folie aussi et de beaucoup, beaucoup de rêve en marche. La géographie comme un rêve d'enfant et cette volonté de la vivre, d'aller ailleurs pour découvrir où habitent les autres individus, est ici présentée sous son aspect la plus dynamique. Nous sommes en immersion, loin des chemins balisés et des formules de groupe.

Il y a déjà cet enfant, ce jeune homme et ses rêves: de la géographie vivante, de l'escapade. Le partir comme une aventure mais aussi une façon de vivre. Le voyage qui forme la jeunesse n'est pas ici le moteur... ou pas tant. Les voyages d'étudiant, ceux d'exploration ou de défis sont ici relégués, pour d'autres. Oui, ce fut un peu de cela mais surtout une envie de découvrir les hommes beaucoup plus que de se former, une irrésistible envie de mouvement, de sortir de chez soi, de liberté.

Le livre surfe aussi sur la veine écologique, bobo et spirituel sans s'y embourber... parce que l'auteur se joue de la recherche de sens mais marque plus une attirance pour l'itinérance à la rencontre des autres. L’humanitaire, les temples et ashrams, la spiritualité d'un sport... tout prête à sourire mais aussi à réflexion.

La liberté de circulation des hommes, le rapport à l'immigré, à l'autre, au sans papier. Le rapport au travail et ce que l'on veut montrer de son pays apparaissent entre les lignes: de la dignité humaine, de la survie, de la sécurité (ou non). Par le biais de ce roman, de ce narrateur journaliste, nous avons quelques aspects d'initiatives locales mais ce sont juste des rencontres, des instants "t".

Mais c'est aussi une approche du tourisme, du nomade aux premiers voyages sans raisons économiques. Et ce que le tourisme est devenu: un sport de masse, une affaire de gros sous. L'auteur prend un malin plaisir à nous montrer l'ironie des situations : les attrapes touristes, les magouilles, le manque d'authenticité, les reconstitution pour appâter le client, les lieux isolés où l'on rencontre... les touristes.

Alors oui un roman émouvant, ironique, cinglant quelque fois mais surtout très très attachant.

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