mercredi 28 décembre 2011

La forêt

Je ne redirais jamais assez le bien que je pense de cette collection " Mes premières découvertes" de Gallimard. Bien que certains titres me paraissent plus pauvres en informations ou en investissement sur le sujet, au global j'y retrouve tout ce que j'aime dans un documentaire pour enfant. Des illustrations réalistes sur un sujet réel, des explications claires mais aussi fouillées, des interactions avec l'enfant. Je vous parlais là des "J'explore" qui utilisent l'astuce d'une "lampe magique" et de détails pour parler de la faune et de la flore ou là du corps humain.

La collection papier propose maintenant des applications pour Ipad/ Iphone dont une gratuite, "La forêt".
Je vous propose de vous jeter dessus: il ravira les enfants de 3 à 6 ans! Et puis c'est de saison: de quoi découvrir qu'une sapinière est une forêt d'épineux.

*source.

D'une part, vous y trouverez des renseignements très clairs sur ce qu'est une forêt, les différences d'essences d'arbres, leur localisation géographique. Mais aussi vous entrerez dessous, trouverez les "fruits" comestibles, les habitants, les plantes de sous-bois.
Il y a bien-sûr cette balade bucolique mais vous suivrez aussi l'utilisation des forêts dans l'industrie du bois et la replantation, le rôle des racines sur les collines et des épineux sur les avalanches.
D'autre part, les enfants sont acteurs, dans la collecte, dans le passage des saisons, dans l'abattage des arbres. Il sera assez intéressé pour revenir plusieurs fois vers cette application.
Un vrai bonheur qui est aussi passé de mains en mains... d'adultes.

*source

N'hésitez pas à lire ici et . Et pour ma part, si proposer un ebook est compléter la proposition par de l'interaction réelle et un véritable investissement dans les astuces, je ne dis pas non. Pour les autres, doublons du papier, pfouh... à la poubelle (euh non la corbeille).

mardi 27 décembre 2011

Le corps & La vie du corps

Cela fait longtemps qu'ils sont presque sur la table de chevet de notre lutin de 5 ans. Il faut dire que ces deux volumes, "Le corps" et "La vie du corps" illustré par Sylvaine PEYROLS, offrent tout ce qu'il faut à un enfant: des informations claires, des petits focus et surtout, surtout, des transparents à soulever permettant une interaction et un regain de curiosité.

"Le corps" est une présentation de l'organisme. De sa création multicellulaire, à ce corps qui grandit, différent entre espèces (mammifères) et même dans le genre humain. Une peau, des ongles, des cheveux, des dents mais aussi des os, des muscles et des organes.

C'est une première approche du corps, de ses différences, féminin et masculin, et de son rythme journalier.

"La vie du corps" explique lui les systèmes, digestif (cette progression de la pomme émerveille toujours), respiratoire, hormonal, éliminatoire et tout cela avec des termes simples, précis et vrais. Soit nos besoins en air, en soleil, en eau, en aliments.

Pour suivre toutes nos présentations de la biologie humaine, vous pouvez suivre quelques chemins par là.


dimanche 25 décembre 2011

mercredi 21 décembre 2011

Les îles du temps, La forêt au temps des dinosaures

© Maria MAZZANTI, Giovanna BOSI et Ricardo MERLO / Le Pommier

"Les îles du temps, La forêt au temps des dinosaures" de Maria MAZZANTI, Giovanna BOSI et illustré par Ricardo MERLO est un livre pépite.
Bien-sûr il vous faut une curiosité, et botanique et pour les temps reculés, très reculés. Bien-sûr il vous faut aimer les illustrations scientifiques, où toutes les parties de la plante sont présentées au mieux... oui bien-sûr, bien-sûr.
Mais ce serait limiter ce livre.

Par le biais d'une histoire, l'aventure extraordinaire du Professeur Salsepareille, nous découvrons les ères géologiques ayant vu naître les premiers végétaux et animaux.
Lui et son équipe découvrent derrière un banc de brumes, véritable mur du temps, de nombreuses îles qui chacune présente un temps reculé propre. Le texte est court offrant place à des pages entières d'illustrations sous forme de paysages grandioses. Quelques anecdotes remettent en scène les proportions des rencontres, végétales et animales.
Les proportions sont magnifiques et les encarts nommant la faune marine et terrestre sont très fournies.

© Maria MAZZANTI, Giovanna BOSI et Ricardo MERLO / Le Pommier

Tous ces vivants ne sont pas forcément mis en scène, ils sont présents comme pour être listés. Là, quelques dinosaures mais beaucoup plus de reptiles marins et terrestres. Les illustrations de nombreuses "bêtes" aussi fantastiques et disproportionnées par rapport à notre temps d'homme provoquent l'admiration et, à n'en pas douter, de nombreux futurs rêves d'enfants.

Ensuite ce sont les carnets (du Professeur) qui s'ouvrent: des planches entières de botanique. Et comme les paléobotanistes, nous suivons leurs problématiques et l'évolution du monde végétal.

© Maria MAZZANTI, Giovanna BOSI et Ricardo MERLO / Le Pommier

Les plantes, herbes, arbres et plus tard fleurs, sont présentés de manière très scientifiques avec leur mesure et souvent l'homme comme étalon de proportion.
Les coupes transversales et les macros présentent alors les détails: l'irrigation, l'importance des nervures pour en faire une feuille, la reproduction végétale avec l'apparition des premiers organes reproducteurs féminin (ovule) et masculin (pollen), mais aussi l'apparition des racines, des premières fleurs. En fouillant, c'est tous les défis des végétaux qui nous sont présentés.
Nous suivons aussi les formes de classification mais aussi les difficultés à reconnaître une forme végétale: véritable puzzle des fossiles mais aussi reconstitution faussée...

Le livre offre aussi une chronologie illustrée des ères géologiques: d'un côté sous l'eau et sur terre (la faune), de l'autre le végétal.

© Maria MAZZANTI, Giovanna BOSI et Ricardo MERLO / Le Pommier

Puis, la dernière partie du livre amène la présentation des derniers survivants (ginkgo) ou descendants de ces ancêtres. Pour le survivant, c'est aussi une magnifique leçon sur le potentiel des humains: ils ont permis sa survivance par sacralisation de l'arbre.
Quelques activités sont alors proposées: de la confection d'une plante en fil de fer et pâte à modeler, à la recherche dans le milieu naturel en passant par des dessins artistiques. Nous retrouvons alors la "plante des dinosaures", soit une sélaginelle "plante de la résurrection" ou "rose de Jéricho", qui se met en boule sèche et brune sans eau et revit (et verdit) avec l'eau retrouvée. Mais aussi de quoi occuper quelques moments en train à admirer les queues de rats, de cheval des prêles.
Les anecdotes d'utilisation sont belles et magiques: comme le "flash" de spore.

Ce livre propose de multiples voies pour l'enfant: une histoire, des activités et aussi des planches scientifiques et herbiers pour aller plus loin.
Les illustrations de début dans la pâte de François PLACE sont une merveille en soi.
Les détails et les présentations après proposent comme des arrêts sur image de mondes sortis de la tête de Hayao MIYAZAKI: "Ponyo sur la falaise" pour le milieu marin, ou "Nausicaa de la Vallée" du vent pour les plantes, autant le premier est véridique sur la faune marine actuelle (et paléolithique), autant le second le transgresse en s'en inspirant. Dans ce livre, tout est vrai!

© Maria MAZZANTI, Giovanna BOSI et Ricardo MERLO / Le Pommier

Tout simplement le livre d'un défi, édifiant et merveilleux! Merci au Pommier et à Masse critique!
NB: dommage qu'il y ai quelques fautes de frappe dans les noms botaniques sur les planches.



mercredi 14 décembre 2011

Lancer un livre comme s'il s'agissait d'une vie

... et quelle vie, une vie de bohème, de fripon... une vie d'artiste, de fou.

*source affiche du livre et indication de la soirée

Lancer un livre en y mettant son cœur, en offrant de la musique, de la joie, des scénettes bien-sûr avec les comédiens de sa troupe qui a élu domicile dans son théâtre: le Théâtre d'Aleph.
"La nébuleuse vie de José Miranda" avec Oscar CASTRO et son ami Adel HAKIM.

La nébuleuse vie de José Miranda from Anai Castro on Vimeo.


Un lancement avec les effluves d'empanadas du Chili. Un lancement avec de l'amitié, de la chaleur humaine, beaucoup d'atmosphère dans ce lieu mythique qu'est le Musée des arts forains. Nous y avons été bien, choyées. Mr Oscar CASTRO offrant de lui indéniablement.

Par amitié, le fondateur du Musée, Jean-Paul FAVAND, nous a emmené pour une visite privée... une visite de ces salles immenses où même si vous y avez passé deux après-midi avec des loulous ici et ,

vous vous rendez compte que le charme opère toujours, que les mystères sont nombreux, que les objets vous interpellent et qu'il y en a d'autres que vous n'aviez pas encore vus. Et puis il y a des animations sonores qui vous emmènent encore ailleurs.

Nous avons même failli nous laisser entrainer dans la danse, sur cette musique... (mais vous aurez une idée n suivant Lily (plus bas).
"Le cabaret de la dernière chance" chanté par Yves MONTAND

Alors oui, le livre donne envie, envie de retrouver de cette fougue, de cette vie. "Après l'oubli, le souvenir" d'Oscar CASTRO présage du bon, du très bon, une certaine "oralité" parait-il. J'en reparlerais mais, en attendant, Lily nous y emmène par étapes avec beaucoup plus de talent.

Merci Lily, merci Anne V pour ce magnifique moment.

vendredi 9 décembre 2011

Salon du livre jeunesse Montreuil 2011

Juste avant le week-end, se remémorer celui qui vient de se passer.

Un dimanche en sortant du métro suivre la cohue... se dire que les marches pour entrer ce n'est pas l'idéal, se trouver heureuses de ne pas être sous la pluie.
Être agréablement surprise d'arriver juste à côté de l'Atelier du poisson soluble sans oser, bien-sûr leur dire le bien que je pense de leurs éditions.

S'arrêter pourtant aux éditions Le Pommier et malgré la lassitude de l'"hôtesse" s'arrêter, regarder, expliquer... se laisser aller à entamer une autre collection, celle de la philosophie, par un titre prometteur "Aimer" de Michel PUECH et illustré par Nathanaël MIKLES. Oser même une dédicace de ce dessinateur aussi intimidé que moi.
Continuer la collection des minipommes avec "A la chasse aux insectes" de Luc PASSERA et illustré par Edwige de LASSUS.

(oui oui il y a certains livres que j'ai déjà à la maison... mais)

Se mettre dans des files d'attente pour des écrivains que je ne connais pas, pour l'accompagner, elle, aux dédicaces.
Retrouver Mélanie RUTTEN, sa gentillesse, sa timidité... lui dire encore quel bien cela fait de suivre son histoire, attendre impatiemment son quatrième volet et racheter pour la peine le troisième, "Eliott et Nestor, l'heure du matin", déjà à la maison pourtant... juste pour le plaisir d'être en sa compagnie encore un peu.

Parler avec le monsieur des éditions Notari si accueillant, enthousiaste et généreux. Exprimer toute la joie de découvrir les albums italiens, en acheter un pour ce même enthousiasme, "La rue qui ne se traverse pas" de Henri MEUNIER et illustré par Régis LEJONC.
Lui parler de Joanna CONCEJO et en profiter pour rencontrer l'illustratrice dans le stand d'à côté aux éditions OQO. Racheter un album déjà adoré, illustré par elle, "La maison où tu n'arrives jamais" de Paloma SANCHEZ IBARZABAL, juste pour le prétexte de lui communiquer un peu de mon bonheur à la suivre d'une maison d'éditions à l'autre.

Se dire que les dos ont tenu, quoique... que manger un sandwich avec un mince filet d'air frais était tout de même bien... qu'il y avait beaucoup, beaucoup de monde... de quoi espérer encore pour ce secteur du livre. En être même ravies, ravie même de faire des doublons, ravie à l'idée d'offrir les autres.
Et rentrer épuisées. Et heureuse de cette journée passée avec elle, de cette amitié par les livres, à travers et bien au delà.

Rajout du 06/12/2012: un an plus trad, je vous parle enfin de "La rue qui en se traverse pas" ici et oui j'avais aussi parlé de "La maison où tu n'arrives jamais" .

mardi 6 décembre 2011

Lectrice au rayon jeunesse... et adulte

Je lis... tous les jours.

Je me demande souvent pourquoi de mes lectures, je n'arrive à parler que des livres dit "jeunesse" (ou presque).
Oui, oui, ce type de livres est en proportion plus importante dans mon temps disponible. Oui, oui, j'aime énormément le choix de nous offrir des mots et des images, des partis-pris colorés ou non, des sensibilités de lignes, de formes, de figuration ou d'abstraction qui me parlent aussi autant que le texte.
C'est aussi plus facile de billetter sur un album court, surtout qu'en nous avons la chance de le relire plusieurs fois grâce aux lectures du soir avec lutin associé (5 ans maintenant). Oui, préparer un billet sur un album demande moins d'une heure, souvent... quoique.

Oui lire un roman demande plus de temps, de disponibilité. Et en faire un billet est encore plus complexe. Soit la lecture a été juste plaisante, alors là pas besoin de billet. Soit elle a apporté quelque chose et là il faut bien le dire, je suis prise au dépourvu.
Parce que oui, il me faut le relire, il me faut me concentrer sur une plus longue durée pour essayer humblement de rendre ce que la lecture m'a apportée. Parce que si le livre m'a touchée, il me faut reprendre les sensations de lecture, offrir aussi un peu de moi à travers les lignes tout en vous donnant envie de le lire à la fin. Parce que c'est bien cela l’objectif!

Peut-être aussi, justement, parce qu'avec plus de mots, plus de pages, les auteurs atteignent plus nos émotions, nos non-dits, nos équivoques. Ceux-là même que nous n'avions pas encore mis en mots, et qu'ils secouent encore plus. Peut-être... Mais à bien y réfléchir certains livres jeunesse abordent déjà les failles. Entre les lignes, la fibre est là, le poil est hérissé, la respiration est en suspend: l'auteur a déjà mis les bases et nous offre de les poursuivre.

Alors oui je blogue sur des livres jeunesse...
Parce que je suis maman, parce que certains sujets sont exprimés avec un tel angle de vue qu'ils m'accompagnent dans mon éducation, cette ligne de corde de mon petit d'homme, ce soutien et une idée de direction, à suivre ou non.
Parce que même sans expertise, à mon niveau, j'ai envie de défendre des auteurs, des livres pour nos plus jeunes écouteurs/lecteurs que je crois être comme des boussoles pour se redresser, des boules de bowling pour déstabiliser, à raison, et des métronomes pour retrouver l'équilibre, la bonne oscillation.

...
Mais j'aimerais vous parler de mes lectures "adulte":
- "Parfum de glace" de Yoko OGAWA pour l'ambiance
- "Le jour des corneilles" de Jean-François BEAUCHEMIN. Une force terrible, une animalité, une étrangeté aussi, un drame magnifique
- "Les tétins de sainte Agathe" de Giuseppina TORREGROSSA pour ce livre féminin offrant avec sensualité, humour, croyance et pertinence des portraits de femmes, des transmissions féminines et un regard tendre mais abrupte des couples italiens.
- "Une langue venue d'ailleurs" de Akira MIZUBAYASHI pour cet amour de la translation de deux mondes, de deux langues, de deux regards.
- "Sukkwan Island" de David VANN pour la force du propos d'un père, de sa responsabilisation, de ces manquements
- "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper LEE, en cours mais qui présage du bon

pour ne parler que des derniers... pour ne parler que des romans
les relire... oui, écrire sur eux... peut-être.

L'Enfant du fantôme


"L'Enfant du fantôme" de Sonya HARTNETT est un magnifique roman pour adolescent mais les adultes y trouveront leur compte.

Matilda est une vieille femme qui vit seule avec son chien dans une petite maison. Aujourd'hui elle avait prévu de ne s'occuper que de son repas. Mais en rentrant chez elle un garçon s'est invité sans autorisation. "Elle ne put s'empêcher de sourire à l'idée qu'il était là, installé avec une telle désinvolture dans son salon. C'était bizarre et aussi, en un sens, flatteur, comme lorsqu'un chat de gouttière élit domicile chez vous." Il est impertinent, curieux et même si ce n'est pas là où il souhaiterait être, il reste à parler à la vieille dame.

Sous son regard gris et ses questions, Matilda fait revivre Maddy, celle qu'elle était jeune. Une enfant de bonne famille, un peu étrange et sauvage. Aimée de ses parents mais retenue dans une condition. Après l'internat et les études, ses parents lui proposèrent d'entrer dans la vie... se trouver un bon parti pour la mère, savoir reconnaitre ce qui est important pour le père. De ce père, puissant et craint, émane la question principale d'une vie: "- Qu'elle est la plus belle chose au monde?". Pour lui permettre de répondre par elle-même, il l'emmène deux ans faire le tour du monde, découvrir les paysages, les monuments, la faune, la flore, les minéraux, la science...

Indépendante, fine, cultivée mais toujours aussi sauvageonne, elle rentre chez elle, toujours aussi volontairement maître de sa vie. Et elle rencontre alors un jeune homme sur la plage. Il parle à un pélican, il ne semble rien posséder d'autre que ses vêtements, le plaisir d'être au plus près de la nature et la liberté. Plume.
Elle, heureuse seulement dans la nature australienne emplie de drôles d'animaux, d'insectes ou de faune légendaire, croise là une connivence. Elle l'aime.

Sonya HARTNETT offre là un très beau roman sur la féminité. Non au sens de mode et activités mais bien la vie d'une enfant, jeune fille, femme et vieille dame qui est restée elle-même, choisissant le meilleur, concédant le moins bon.
Plume est la liberté indomptable. La plus belle chose au monde de Maddy. L'amour avec ce qu'il y a dedans de prison, de sauvage, de concession. Comment donc concilier le sauvage, l'inadaptée et ce qui est attendu d'un couple? "- J'aime les planchers quand ils sont encore des arbres, dit-il. J'aime les rayons du soleil qui brillent sur l'eau plus que la cire d’encaustique." Vouloir le bonheur de l'autre ne suffit pas. La liberté a un prix. Il faut répondre à un appel, aller à l'aventure pour répondre à une question... et revenir.

L'atmosphère est particulière. Matilda offre à son jeune invité sa vie avec ce qu'elle a d'étrange et fait appel aux forces de la nature et des légendes. Loin de paraître saugrenue, cette invasion de la faune terrestre et maritime australienne et fantastique apporte ce qu'il y a de profondément mystérieux et fascinant dans la force de vie des indomptables, des libres et des sauvages... toujours à l'écart des autres, même s'ils s'adaptent et trouvent leur chemin.
L'intime prend toute son ampleur dans cette histoire racontée au garçon confident d'un soir. Il permet d'aller au fond des attentes d'une vie, de faire un bilan de ce qu'est la bonheur entrevu.

vendredi 2 décembre 2011

Lali l'orpheline

© Thierry LENAIN et Olivier BALEZ/ Oskar

"Lali l'orpheline, où l'on se demande si l'on peut faire du mal en croyant faire du bien" de Thierry LENAIN et illustré par Olivier BALEZ est un roman graphique court, pour tous, jeunes ou grands, un coup de cœur!

Marion est née ici, de ce côté du continent, et décide jeune adulte d'offrir 3 mois de sa vie à un orphelinat, là-bas, de l'autre côté, en Inde.
Le papa parle à sa fille dans ces quelques pages, reprend le malaise. Marion arrivait dans ce lieu de don de soi, personne ne lui parlait, par manque de temps, par scepticisme quand aux objectifs de le jeune occidentale peut-être aussi.

Là des orphelins et des infirmières démunis, un lieu qui contraste avec ce pays coloré et odorant:
"- [...] Tu sens, papa? Tu sens toutes ces odeurs, tous ces parfums? Ça fait tourner la tête... Tu sens, papa?
- Mais... Marion...
- Tous ces gens partout... Regarde, papa! Et toutes ces couleurs partout, regarde! ...
- Mais, Marion, tu es là-bas, de l'autre côté de la terre! ... Et je suis au téléphone!"
Et là Marion rencontre Lali, une enfant muette qui ne marche toujours pas malgré son âge. Marion se prend d'affection pour elle mais une infirmière se fâche.

© Thierry LENAIN et Olivier BALEZ/ Oskar

Tout l'art du livre réside dans les actes de cette jeune femme... des gestes beaux, tendres, généreux... affectueux, maternants. De ce parti-pris tendre, de ce que Marion reproduit des signes d'affection de son père quand elle était petite enfant. C'est tout cet amour filial qui transpire, cette affection devenue connivence... de cet aveu d'impuissance après.
Parce que oui on peut faire du mal en voulant faire du bien... ou presque. Mais là Marion doit prendre sur elle, offrir d'elle et de la pertinence, de la vérité.

Les illustrations en or, noir et blanc d'Olivier BALEZ offrent une modernité et comme une abstraction à l'histoire. Très beau parti-pris.

Magnifique histoire d'affection, de limite, mais aussi de ce qu'un geste peut apporter.

Gaëlle en parle là
Sophie Van der Linden
Œil d'ailleurs

Le bonheur prisonnier

© Jean-François CHABAS et David SALA/ Casterman

"Le bonheur prisonnier" de Jean-François CHABAS et illustré par David SALA est un album grand format magnifique. Comme pour le premier que j'avais lu du duo, "La colère de Banshee", ils revisitent un conte du monde en nous invitant en Chine cette fois-ci.

Le narrateur, Liao, revient sur son enfance... à l'aube de ses 7 ans. Dans sa maison où les générations se côtoient et où les ancêtres ont aussi leur place, le bonheur est vivant. Un petit insecte choyé et adoré, un grillon du foyer retenu dans une cage en or dans la cuisine, chante pour les habitants.
Oui mais un soir, il interpelle l'enfant de la maison pour lui demander de l'aide.

© Jean-François CHABAS et David SALA/ Casterman

La place des traditions et des croyances est décrite avec poésie. Le bonheur est déterminé et est aussi une affaire de famille. Le geste enfantin devient au cours du récit un geste raisonné, une prise de position à la fois sur un bonheur vécu au dépend d'un autre mais encore plus sur une responsabilisation et non une culpabilisation.

La relation entre l'arrière-grand-mère, Na, et ce petit garçon apporte la chaleur humaine, la transmission aussi de cette responsabilisation et de la croyance bouddhiste.
D'ailleurs le conte de fée n'est pas où on l'attend: l'incarnation en être humain n'est peut-être pas la plus réussie... hum une réflexion aussi bouddhiste, non!?

© Jean-François CHABAS et David SALA/ Casterman

Les illustrations sont toujours aussi colorées, pleines et lumineuses. A chaque fois, ce sont des formes décoratives assez art déco et végétales. Les fonds, les paysages et les habits prennent une dimension graphique entière. Elles apportent une atmosphère, chargée certes mais onirique. J'y retrouve encore du Klimt avec aussi cette présence des rides si superbes, par exemple de cette main, par rapport aux visages lisses des plus jeunes personnages...
La présence du chat bleu mais aussi le fond plus épuré de la salle du Bouddha sont d'autres portes ouvertes sur le livre.

L'avis de Libouli (et cette main)