vendredi 22 février 2013

Bouddhas de la Galerie Céleste

Être intéressé par la spiritualité bouddhiste est affaire de pratique mais aussi, un peu tout de même, de connaissance. Grâce au livre "Bouddhas de la Galerie Céleste" de Ian A.BAKER et illustré par les tableaux de Romio SHRESTHA, tout un pan de l'art bouddhiste tibétain et des différences spirituelles apparait.
© Ian A.BAKER et Romio SHRESTHA/ Synchronique

Le lecteur pourrait tout d'abord l'ouvrir comme un beau livre, mettant en valeur de flamboyants tankas (ou thangkas, thankas ou tangkas), soit des images pieuses du Lamaïsme. Ses rouleaux sont en soi une superbe proposition illustrant à merveille le talent des artistes de style newari (Népal- Tibet). Effectivement les tableaux de Romio SHRESTHA sont infiniment détaillés, précis, lumineux et colorés. Ils incarnent les messages spirituels de la troisième approche bouddhiste, celle du Véhicule du Diamant-Foudre, le Vajrayana (bouddhisme de l'Himalaya), sous forme de tankas ou de mandalas (représentation symbolique sous forme de cercle).

© Ian A.BAKER et Romio SHRESTHA/ Synchronique

Cette voie bouddhique a cela d'impressionnant (et de déconcertant pour moi plus habituée à un bouddhisme zen japonais très épuré où d'autres dieux n'apparaissent pas, est-ce vrai?!) que d'autres déités sont représentées. Ainsi les bodhisattva sont des personnes arrivées haut dans l'éveil et qui, pourtant, restent dans le cycle des réincarnations pour aider les autres dans leur démarche spirituelle.
Comme un jeune enfant, à la manière d'un "cherche et trouve", nous pouvons retrouver les déités avec leurs caractéristiques et leurs "outils". Cette présentation des personnages de la galerie céleste offre énormément de détails incroyables: de multiples mudra (gestes de mains), des bouddhas colorés, androgynes ou femmes, l'éphémère de la vie inscrite par les crânes et squelettes, des bouddhas courroucés (à la tête de dragon), de la puissance et de la peur exprimées par un breuvage de sang bu à même un crâne, des déités mâles et leurs parèdres féminins (autre déité en union du lotus, yab-yum), des montagnes omniprésentes ou des dragons volants donnant la limite des tankas. Par exemple Mara, le maître de la tentation et de l'illusion, Garuda (l'aigle qui n'y ressemble pas) mais aussi Tara, bodhisattva femme de la compassion, Vajrapani effrayant incarnant le pouvoir ou l'ailé Vajrakilaya (cf image ci-dessous).
Intrigant aussi ces parures, dorures, signes de richesse. Déconcertante cette place des sensations au cœur de ce bouddhisme.

"Vajrakilaya est l'une des premières émanations du Bouddha avec lesquelles un pratiquant du bouddhisme Vajrayana s'identifie, de façon à dépasser les images illusoires du moi et l'attachement à une identité personnelle. Surgissant des ténèbres aux possibilités infinies, Vajrakilaya dévoile les activités réunies de tous les bouddhas et annihile les obstacles qui obstruent le chemin de l'éveil. Associé avec l'éclat à sa parèdre bleu ciel, Vajrakilaya représente en fin de compte l'anéantissement de toute perception dualiste qui nous enferme dans l'illusion d'un moi séparé."
© Ian A.BAKER et Romio SHRESTHA/ Synchronique

Mais il faut ajouter une part importante du livre, les textes de Ian A.BAXTER qui ne sont pas là en légendes des pages illustrées. Ils apportent des clefs de compréhension des images, des symboles, des bodhisattva représentés et de leur message.
Grâce à lui ce sont les enseignements du bouddhisme Véhicule du Diamant qui nous sont présentés, sur les formes du bouddha et ses transformations, sur la mort et l'éphémère, les peurs et la souffrance, l'exercice des sens et même la sexualité (entre autres).
Le propos est complexe amenant les principes, les finesses du bouddhisme mais aussi quelques apports tantriques et aussi des retours contemporains sur la méditation ou le bouddhisme (neurologiques entre autres) et des analogies philosophiques. Autant vous dire qu'une seconde lecture, suivie d'autres, seront les bienvenues.
La légende de l'artiste et la préface de Deepak CHOPRA confirment la pertinence de ce livre quant au contenu. Et même si les pages sont grandes, les détails sont tellement nombreux que j'aurais aimé les admirer en format encore plus grand...

Les tankas et mandalas servent de support à la méditation et il est nécessaire d'avoir un maître pour se vulgariser à son message additionné d'un mantra (parole chantée, prière). L'apprentissage dure des années. Ce livre ne permet pas d'entrer dans toute la finesse de cet enseignement mais il nous ouvre une porte, celle de la contemplation de ces tankas et mandalas, avec une ligne directrice: bouddha est en chacun de nous.

Merci infiniment aux éditions Synchronique.

Et puis juste un petit bonus: les mandalas du Tibet sont souvent l’œuvre des moines bouddhistes, effectués avec du sable coloré, dul-tson-kyll-khor, voici leur méthode et le bruit est caractéristique du frottement de leur entonnoir posant le sable, le chang-bu, et des mantras.
 

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