mardi 2 avril 2013

Le rêveur

"Le rêveur" de Pam MUNOS RYAN et illustré par Peter SIS est un petit ovni. Sous un format de roman, nous découvrons un conte proposant une belle proposition pour entrer dans l'univers du poète Pablo NERUDA.

Neftali est un garçon malingre, bègue et rêveur. Il est souvent malade et son comportement devient vite un sujet de colère paternelle.
Neftali rêve de partages avec son père. Peut-être pendant cette journée en forêt avec son travail, peut-être pendant les vacances à la mer... il siffle au cours du trajet, c'est pourtant bon signe. Entre ce père, souhaitant des fils forts, aux métiers convenables et valorisants, et ce second fils toujours dans la lune et dans ses livres, une tension nait. Elle ne partira pas de la maison familiale. Neftali va par contre réussir à grandir, toujours collectionneur invétéré, mais aussi maintenant lecteur assidu et poète. Il s'épanouira même dans l'écriture et dans la révolte contre le gouvernement de son pays, le Chili, et l'oppression faite aux autochtones, les Mapuches.

" Bien qu'il eût changé de nom, il ne pouvait pas se détacher de son histoire personnelle, et celle-ci imprégnait ses écrits. Certaines suites de mots évoquaient le rythme de la pluie qui avait baigné son enfance; ses souvenir d la grande forêt explosaient en phrases lyriques, aussi poisseuses que la résine de pin, aussi craquantes qu'une carapace de scarabée. Certains vers s’étiraient lentement, d'autres s'arrêtaient net, fidèles à l'alternance des vagues fortes ou faibles qui déferlaient sur le rivage; d'autres encore, semblables aux notes plaintives d'un harmonica solitaire, se balançaient doucement."

Le récit est émaillé d'envolées lyriques et de petites illustrations de Peter SIS presque surréalistes. Il demande peut-être une seconde lecture pour mieux interpréter les signes, découvrir toute la poésie que le jeune Neftalí Reyes (Ricardo Eliecer Neftalie Reyes Basoalto) entrevoit dans sa vie, dans la nature, la météo ou les objets témoins d'une vie fabuleuse.
J'aime les onomatopées qui rythment le récit et les détails de cette nature... comme le scarabée, la pomme de pin ou le chucao, devin des forêts. Et le choix de ponctuer l'histoire par un poème de Pam MUNOS RYAN et de proposer des voix de compréhension de poèmes de Pablo NERUDA est fort agréable. Cependant la police de caractère, l'espacement des lignes, le format, et quelque part, le récit m'ont laissé perplexe.A relire donc pour entrer dans le rythme.

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