mercredi 29 janvier 2014

A l'angle du renard

Cela fait longtemps qu'il est dans la bibliothèque, je n'avais pas osé le lire pendant longtemps, j'avais même lu le roman suivant de Fabienne JUHEL, "Les homme sirènes", avant. Et puis "A l'angle du renard" m'a fait de l'oeil, et en le voyant orné d'une nouvelle couverture dans les librairies (sortie poche), je me suis précipitée dessus. Et je n'ai rien écrit, un brouillon, juste un brouillon.
Et puis je l'ai relu.



Et comme à chaque fois avec cette auteure, je suis là, tenue, conquise. Nous ne nous aventurons pas dans son univers sans y laisser des plumes.

Arsène Le Rigoleur est un fermier, vieux garçon, terrien et sauvage. Il regarde ses nouveaux voisins arriver. A la place du vieux Morvan, une petite famille, le père, la mère et leurs deux enfants, Louis rouquin et solitaire, Juliette, la petite dernière de 5 ans.
La môme va traverser la rue et accompagner le fermier dans toutes ses activités de "soin" aux bêtes. Arsène décrit alors cet apprivoisement, entre lui le "tonton" et ce "feu-follet" de 5 ans. Le grand frère est toujours dans les parages, il est curieux et protecteur. A moins qu'il ai envie lui aussi d'avoir un ami. Et Arsène aimerait tant l'amadouer aussi. Et puis il y a cette mère, qui sent bon la violette et qui dans les yeux a ses éclats de roux qu'elle n'a pas dans les cheveux: éclats d'animalité, de ruse, de pertinence. Parce que oui, Monsieur Le Rigoleur n'a pas la tête de son patronyme et on ne sait jamais, il n'est peut-être pas du tout fréquentable.

Et effectivement, Fabienne JUHEL nous offre l'âme d'un tueur. Un ogre enfant, en prise avec ce que sont le sauvage, la peur, la frustration. Un enfant qui se venge, un adulte qui ne supporte pas ceux détroussant l'enfance. Une dévergondée moqueuse, un loup aux myrtilles ou une faiseuse d'anges, laveuse de corps sans vie.
Arsène est un tueur en série mais est-ce que l'innocence prend un risque avec lui? Il magnifie pourtant l'enfance, les émotions si souvent niées, occultées, ces silences, ces dessins, ces rires. Oui mais il y a aussi l'autre enfant, oublié. Qui lui parle? Qui joue avec lui?

Cet ogre moderne rend la pareil aux contes ancestraux. Ce n'est pas un loup pour le chaperon rouge mais bien un renard, parmi les autres. Un renard avec le museau plein de cette terre bretonne. Un animal sauvage, amadoué plus qu'apprivoisé, n'en déplaise au Petit Prince. Un renard qui se prend les pattes dans la plus pur des beautés, l'enfance, et qui pourtant est déjà pris au piège.

Les couvertures apportent une ligne... un invisible renard pris dans les phares d'une voiture... une enfant insouciante, libre, spontanée pas encore attrapée par l'ogre.
Mirontaine en parle très bien .


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