dimanche 31 mai 2015

Souvenirs de L'empire de l'Atome

© Thierry SMOLDEREN et Alexandre CLERISSE/ Dargaud

Je l'avais offert, très enthousiaste par rapport aux images et très intriguée par le titre. "Souvenirs de L'empire de l'Atome" écrit par Thierry SMOLDEREN et illustré par Alexandre CLERISSE est un petit bijou.

Paul est écrivain de science-fiction. Il emmène sa fille en balade (cf extrait) et va lui raconter son enfance, sa vie et une des expériences qui a changé sa vie. Nous apprenons ainsi qu'il est fils d'expatrié en Chine et qu'il entretient une amitié télépathique avec Zarth Arn, héros d'une guerre dans le futur.
Décrit dans un article d'un psychologue peu éthique, Paul est contacté par le Pentagone par Zorglub. Avec d'autres personnes, surtout des scientifiques, il sera victime d'une semaine d'hypnose engageant toute l'humanité.

© Thierry SMOLDEREN et Alexandre CLERISSE/ Dargaud

Le scénario nous entraine ainsi dans différentes périodes, années 20 et 50 ou 121 000. Le héros du futur affronte des conspirations et une guerre entre l'Empire des étoiles et l'Empire de l'atome. Paul se débat avec la culpabilité.

© Thierry SMOLDEREN et Alexandre CLERISSE/ Dargaud

Je ne peux qu'être déçue de ne pas connaître toutes les références que les auteurs y ont subtilement cachées ou au contraire mises en valeur. Des méchants inspirés par d'autres très connus, des titres de chapitres repris ailleurs, des ambiances etc... Une chose est sûr, le plaisir de lecture est là, par la destruction des ambitions des grands méchants, par l'imagination fertile des années 50, impliquant des ambitions scientifiques, des utopies futuristes reprises aussi par le design, l'architecture et l'électroménager.
Le sujet de la propagande, de la psychologie étudiée à des fins stratégiques et pas toujours avouables, est aussi une magnifique option.

Les illustrations d'Alexandre CLERISSE sont magnifiques. Les couleurs sont chatoyantes, les intérieurs sublime de style et les réflexions, rêves et dessins astrologiquo-scientifiques de Paul superbement mis en valeur. Et j'ai cru voir une inspiration de mythologie grecque, des illustrations du couple PROVENSEN là.

 © Thierry SMOLDEREN et Alexandre CLERISSE/ Dargaud

Tiens j'aurais presque envie de me plonger dans la SF des années 50 moi! N'hésitez pas à lire ce billet sur le projet des auteurs ici et pour ma part, je relirais leur proposition, c'est sûr!


samedi 30 mai 2015

Derrière la crête dentelée des collines, l'océan s'étalait sous la lune comme une nappe dorée - Jonas, le requin mécanique

"L'océan...
– Le pays de mes rêves, soupira Jonas. Ah, comme j'aimerais plonger dans cette immensité et vivre comme un vrai requin blanc !
– Oui... Ce doit être merveilleux d'être vivant, murmura Krokzilla.
– Éprouver le froid, le chaud, la faim ! Poursuivit Jonas d'un air rêveur.
– Sentir la flamme brûler ! Le vent caresser !
– Renifler les odeurs !
– Même des mauvaises, j'adorerais pouvoir les sentir.
– Si nous étions vivants, nous pourrions manger, boire, grandir ! Tomber malade puis guérir !
– Nous aurions des ancêtres ! Une famille ! Une maman ! Rajouta Krokzilla, mélancolique.
– Tant de bonheurs que nous ne connaîtrons jamais, soupira Jonas.
– Et puis, si nous étions vivants, un jour... on mourrait ! Dit le dinosaure sur un ton fasciné.
– Mourir, ça doit faire un drôle d'effet !
– Oui, mais quelle chance de pouvoir mourir. Quel privilège ! Mourir ça n'arrive qu'à ceux qui sont en vie! "


(extrait de "Jonas, le requin mécanique" de Bertrand SANTINI, illustré par Paul MAGER et le lutin de la maison; Grasset jeunesse)

mardi 26 mai 2015

Comme c'est étrange... - La petite buveuse de couleurs

 



"- [...] Auriez-vous une petite cuillère?
Draculivre a ouvert de grands yeux comme des O majuscules. Il semblait complètement perdu.
- Êtes-vous en train de me dire que vous comptez dégustez ma nièce avec votre petite cuillère? Euh... comme un œuf à la coque?"

(extrait de "La petite buveuse de couleurs" d'Eric SANVOISIN et illustré par Olivier LATYK; Nathan)

mardi 19 mai 2015

Inventaire illustré des arbres

Je ne reviendrais pas ici sur cette collection, j'ADOORE ces inventaires illustrés proposés par ce duo. Et puis il s'agit de la version souple avec stickers, moins cher...

© Virginie ALADJIDI et Emmanuelle TCHOUKRIEL/ Albin Michel Jeunesse

L'"Inventaire illustré des arbres" de Virginie ALADJIDI et illustré par Emmanuelle TCHOUKRIEL propose un panel d'arbres avec comme clef de détermination la feuille.

Les auteures présentent les feuillus aux feuilles limbées aux bords lisses pour commencer. Le fait de choisir aussi de mettre en avant des arbres exotiques en premier est enthousiasmant: eucalyptus, frangipanier, jaquier. Puis olivier ou oranger. Suivent les arbres aux feuilles dentelées comme le houx, le bouleau, le châtaigner.

© Virginie ALADJIDI et Emmanuelle TCHOUKRIEL/ Albin Michel Jeunesse

Les conifères présentent leurs aiguilles, mélèzes, pins puis quelques palmiers finissent de nous faire un tour du monde.

Au fil des pages, le vocabulaire s'inscrit de plus en plus en tête. Le lecteur découvre des feuilles accrochées aux branches sans pétiole, des racines aériennes, des troncs tortueux, se développant en spirale, des fruits impressionnants.

© Virginie ALADJIDI et Emmanuelle TCHOUKRIEL/ Albin Michel Jeunesse

D'ailleurs une grande page est réservée à mon arbre fruitier préféré, le durian. Ce fruit énorme qui a maturité développe une odeur nauséabonde mais propose un aliment très riche. Une particularité de ces inventaires est aussi de présenter la faune autour des végétaux. Ici les éléphants sont présents, les premiers à choisir les meilleurs fruits, me faisant penser aux prunes africaines marula qui tombent et fermentent et laissent les pachydermes saouls. Sont-ils "ivres" de durian? La présence des chauves-souris qui aident à la germination des fruits est un marqueur écologique.

© Virginie ALADJIDI et Emmanuelle TCHOUKRIEL/ Albin Michel Jeunesse

Les arbres deviennent aussi des éléments plus concrets: source d'un bois utilisé pour les meubles, fruits comestibles pour l'homme ou les animaux mais aussi vitalité débordante ou même "méchants arbres" avec une sorte de figuier qui envahit un tronc et le fait mourir.
Le séquoia impressionne par sa taille, l'eucalyptus par sa croissance.
Encore et comme toujours, le livre offre une découverte très visuelle et anecdotique des éléments présentés.

"Un humain laisse toujours des traces!" - Pluto


"C'est quand même bien pratique d'être un robot! Vous pouvez récupérer ce qui est dans la tête d'un autre sans difficulté! Mais ce n'est pas pour ça que vous, les robots, serez capables de tout comprendre! Oh, non! Parce qu'après tout vous ne savez même pas ce que "bon" signifie! "

Deux bols à thé et des yôkans...

(attention lecture manga, extrait de  "Pluto, 002" de Naoki URASAWA, influencé par Osamu TEZUKA; édition Kana)

lundi 18 mai 2015

Comment parler de l'islam aux enfants

Il m'a fallu du temps pour le lire. Et pourtant, je l'ai demandé pile au moment de l'actualité. Je l'ai commencé aussi ces jours-là, puis je l'ai refermé, mis sur une étagère et n'ai pas voulu le reprendre. Pourquoi donc? Parce que le sujet provoque des à-priori, parce que mis à toutes les sauces, il devient une étiquette, parce que je ne voulais qu'être positive (sans regarder plus loin qu'une conscience bien-pensante)... parce qu'il me fallait du temps pour que je n'en pense plus rien.
Comme toute la collection "Comment parler de... aux enfants", nous avons sous la main une ressource pertinente aux questions de nos bambins. Composé de deux parties, la première est plus une présentation du sujet pour les parents, les enseignants, les adultes ou adolescents qui veulent en savoir plus. Elle reprend l’historique, la contextualisation, les différents éléments de débats. La seconde est une suite de 15 questions partant d'une image et auxquels l'auteur répond sur trois tranches d'âges, les 5/7 ans, les 8/10 ans et les 11/13 ans.


"Comment parler de l'islam aux enfants" de Gérard DHOTEL est justement important à plus d'un titre.
La première partie nous rappelle les fondements de cette religion, une des trois monothéistes. La distinction entre islam, la religion, Islam la culture et islamisme comme relecture politique des textes sacrés. Elle présente les différentes branches et courants. La parole se fait par le prophète, un personnage qui a véritablement existé: Muhammad (déformé en Mahomet par les européens).
Le texte s'appuie ensuite sur ses bases: la foi, la soumission et la recherche de la perfection et reprend en quoi cette religion est incarnée, ritualisée, dans le quotidien (et pas seulement par des débats politisés) et pleine de bienveillance.


La seconde partie pose les questions, quelques fois toutes simples mais pas si simplistes. Elles vont manger des gâteaux! amène la question du ramadan, de ce jeûne et de ce que cela représente et de manière pratique pour les musulmans et de manière symbolique dans la religion. Une autre question renseigne sur les interprétations du Coran et la difficulté qu'ont les musulmans de se mettre d'accord. Puis quelles sont les autorités religieuses? Comment l'islam est-il implanté en Afrique? Ou très marqué par les événements de janvier: qu'est-ce le djihad ? et la question du terrorisme.


Il ne faut pas se freiner par l'aspect un peu froid du livre. Malgré les photos qui permettent une personnification quelque fois ou un retour à du concret visuel, l'amas de texte peut effrayer mais reprenez le livre, rouvrez-le, profitez-en pour une discussion et là il apportera bien des éléments constructifs. 
Le livre est ainsi très bien fait. Écrit par un non musulman, il se penche sur tous les aspects de la religion pour offrir une vue d'ensemble. Les fiches proposées aux enfants répondent bien aux questions et ouvrent le débat.
Je confirme ma volonté de présenter le plus tôt possible les religions aux enfants. Même si nous sommes dans un pays laïque, les religions sont dans les maisons, du quotidien de nombreux enfants et leurs parents. Il est ainsi nécessaire de s'informer, de connaître ou de savoir où piocher les informations pour ne pas faire d'amalgames, quelle que soit la religion ou la culture de l'autre. Vous trouverez ici un interview de l'auteur après les assassinats.

Merci aux éditions du Baron perché!

samedi 16 mai 2015

"Si vous êtes capables de parler à une rivière, allez lui poser la question" - Parva

*source Amruta PATIL

Pour connaître les premières pages de "Parva, L'éveil de l'océan" de Amruta PATIL... une approche de l'épopée mythologique Mahabharata. (En ce moment, les légendes indiennes me tentent...)


 

Déjoue les pièges de l'Histoire

J'aime beaucoup ce que proposent les éditions Gulfstream en ce qui concerne les sciences de la vie. Cette fois-ci, je voulais tenter une autre proposition de documentaire jeunesse: l'histoire.

© Pascale HEDELIN et Julien TIXIER/ Gulfstream

"Déjoue les pièges de l'Histoire" de Pascale HEDELIN et illustré par Julien TIXIER propose 10 tableaux historiques. Sur ces doubles pages sont illustrées des situations de vie au cours de l'histoire et le jeune lecteur doit y trouver les 8 anachronismes.
Le livre présente ainsi la préhistoire, l’Égypte ancienne, la Rome antique, le Moyen-Age, le temps des colonies, le Roi Soleil, la conquête de l'ouest américain, la première guerre mondiale et la libération.

© Pascale HEDELIN et Julien TIXIER/ Gulfstream

En dehors de ce "cherche les erreurs", une autre double page les explique et propose des focus sur les avancées de l'époque. Ce sont bien-sûr les moyens de transports, les monnaies, les "ingénieuries", les matériaux mais aussi la nourriture, la santé, les loisirs ou l'état des échanges inter-continentaux. La tomate qui n'arrive pas sur les étals aussi tôt, la plume d'oie durcie plus tard, la tendance artistique trop futuriste pour l'époque etc...

© Pascale HEDELIN et Julien TIXIER/ Gulfstream
"L'ours en peluche:
En 1903, aux États-Unis, le président américain Théodore Roosevelt refuse de chasser un vieil ours blessé. On dessine sa caricature dans la presse, face à un ours. Un couple de Russes a alors l'idée de fabriquer des ours en peluche surnommés Teddy, comme le président. Et voilà: l'ours en peluche devient le copain-câlin des enfants!"
Il faut avoir au moins entraperçu ces époques en histoire pour que l'intérêt soit présent. Mais en dehors de cela, les tableaux offrent une idée du mode de vie. Les pièges sont nombreux, pas toujours évidents même pour les adultes et donneront envie de se replonger dans l'histoire des hommes, des sciences ou des lieux d'origine de nos produits du quotidien.

© Pascale HEDELIN et Julien TIXIER/ Gulfstream

Merci à l'opération Masse critique de Babélio et aux éditions Gulfstream.



La première fois que je suis née

© Vincent CUVELLIER et Charles DUTERTRE/ Gallimard jeunesse

J'en avais entendu du bien et je confirme, ce petit album est incroyable. Et puis maintenant qu'il existe aussi en format souple et peu cher, plus aucune raison de ne pas le regarder de près.

© Vincent CUVELLIER et Charles DUTERTRE/ Gallimard jeunesse

"La première fois que je suis née" de Vincent CUVELLIER et illustré par Charles DUTERTRE nous parle de ce bébé, cette petite fille au grain de beauté.
Page après page, elle nous raconte ses premières fois. Celles de la petite enfance: le premier câlin parental, le premier bain, le premier pas. "Papa disait plein de mots, et au milieu de ces mots se cachait mon prénom." Ce sont les étapes de vie qui apparaissent. Nous découvrons Charlotte espiègle, joueuse, princesse, rêveuse. "La première fois que j'ai vu la mer, elle a dit: "Comme elle est grande, comme elle est belle, comme elle a les yeux bleus." 

© Vincent CUVELLIER et Charles DUTERTRE/ Gallimard jeunesse

Mais au fil de l'album elle grandit et offre ses premiers pas dans la vie, seule. Ses émois, ses déceptions, ses deuils et son avenir. "La première fois que mon grand-père est mort, maman m'a prise dans ses bras pour me consoler. Mais, en vrai, c'est moi qui la prenais dans mes bras pour la consoler."

© Vincent CUVELLIER et Charles DUTERTRE/ Gallimard jeunesse

Le texte de Vincent CUVELLIER pourrait sembler simple mais il n'en est rien. Pas à pas, il raisonne, joue la poésie. Les impressions sont belles et offrent une atmosphère. Le choix des premières fois décrit l'enfance mais aussi des détails permettant l'identification.
Les illustrations de Charles DUTERTRE sont simples, très claires mais jouent bien sur l'humour.

mercredi 13 mai 2015

Sita's Ramayana

*Samhita ARNI

(en attendant que cette version féminine de la légende indienne et fabuleuse Ramayana sorte en français)

lundi 11 mai 2015

Même ces montagnes s'éroderaient. - Souvenirs de L'empire de l'Atome


"Tandis qu'ils gravissaient le sentier, Paul entreprit de faire ressentir à sa fille l'immensité du temps géologique enfoui dans la montagne... L'histoire se chiffrait en dizaines de millions d'années. Anne, comme à son habitude, buvait les paroles de son père... quand Paul prit subitement conscience du parallèle entre les deux phénomènes. Les connaissances qu'il distillait à sa fille se déposaient par strates, elles aussi, pour former le paysage solide dans lequel elle évoluerait toute sa vie.
[...] Il pensait à tous ces petits moments de bonheur qui s'empilaient pour faire une vie humaine... et qui retourneraient à la poussière comme les vêtements qu'ils portaient... comme la peau rose de sa fille."

(extrait de "Souvenirs de L'empire de l'Atome" de Thierry SMOLDEREN et illustré par Alexandre CLERISSE; Dargaud dont je parle là)

Moi, Dieu et la création

*Wolf ERLBRUCH

Juste pour ne pas oublier l'une des créations et le livre écrit par Bart MOEYAERT...

dimanche 10 mai 2015

Un paradis pour Petit Ours

J'aime suivre les collaborations de l'illustrateur Wolf ERLBRUCH, il s'agit souvent de livres pour enfants avec des thèmes d'adultes. J'aime, j'aime. J'aime ne pas prendre les petits lecteurs, auditeurs, pour des petits naïfs.

© Dolf VERROEN et Wolf ERLBRUCH/ Milan jeunesse

"Un paradis pour Petit Ours" de Dolf VERROEN et illustré par Wolf ERLBRUCH est un court album. Papi Ours vient de mourir, Petit Ours est inconsolable. Maman Ourse a beau lui dire qu'il était vieux et fatigué, qu'il sera mieux au paradis, rien n'y fait. Et puis le monde ici bas est moche, gris, sans attrait, il veut retrouver son grand-père et aller dans ce paradis si fabuleux.
Petit Ours part ainsi à la recherche du paradis. Très pragmatique, il va demander aux prédateurs de le manger. Mais ce n'est pas si simple. Le crocodile ne veut pas déguster ses pattes, le serpent a trop froid pour penser à manger, la girafe ne veut pas croquer d'ours et, comble du comble, le tigre a déjà mangé.

© Dolf VERROEN et Wolf ERLBRUCH/ Milan jeunesse
 
Quelle poisse! Même d'en haut la terre est moche, le ciel et ses constellations sont d'ici bien fades. Petit Ours cherche encore... et il va trouver son paradis.

© Dolf VERROEN et Wolf ERLBRUCH/ Milan jeunesse

Cet album parle du deuil, de cette tristesse qui atteint tout. Il parle de cette solitude qu'il faut dépasser et reconsidérer la beauté du moment. C'est doux, chaleureux malgré le thème. L'auteur se place bien dans la peau d'un enfant. Les illustrations sont toujours aussi intemporelles, des collages, peu de décors et pourtant le propos est tenu et l'essentiel est dit.


Le merveilleux dodu-velu-petit

Avec Beatrice ALEMAGNA, nous sommes sûr d’avoir affaire à une histoire un peu loufoque et poétique.

© Beatrice ALEMAGNA/ Albin Michel jeunesse

"Le merveilleux dodu-velu-petit" est une quête. Édith a 5 ans 1/2 et ne sait rien faire. Chaque autre membre de la famille a un don mais pas elle. Une phrase entendue subrepticement ce matin va pourtant l'entrainer dans un périple où elle va découvrir toutes ses compétences.
Il lui faut trouver un cadeau pour sa maman, un truc "dodu-velu-petit".
La voilà partie à travers la ville pour retrouver les adultes qui font son univers, le boucher, la fleuriste, l'antiquaire. Mais personne n'a de dodu-velu-petit. Mais chacun y va de son conseil, de son don ou de sa mauvaise humeur.

© Beatrice ALEMAGNA/ Albin Michel jeunesse

 La petite fille, bien dégourdie, le découvrira pourtant ce fabuleux dodu-velu-petit, tout rose fluo comme sa doudoune, toute hirsute comme elle est échevelée.
C'est parfait, il sait tout faire cet animal qui ressemble presque plus à une grosse tâche avec un museau pointu.

© Beatrice ALEMAGNA/ Albin Michel jeunesse

Cet album est très dynamique et nous entraine dans l’enthousiasme de cette gamine. Réjouissant pour se confronter aux adultes, pour se faire confiance. Comme toujours avec cette auteure, les enfants sont spontanés mais pas dénués d'un aspect insaisissable, comme pouvait l'être "Joe singe garçon" par exemple.


lundi 4 mai 2015

Tony Tiny Boy

© Vincent CUVELLIER et Dorothée de MONFRIED/ Hélium

Il est tout beau ce petit cow boy, "Tony Tiny Boy" de Vincent CUVELLIER et illustré par Dorothée de MONFRIED nous le présente au retour de la guerre. Les indiens ont perdu.

© Vincent CUVELLIER et Dorothée de MONFRIED/ Hélium

Mais en revenant chez lui, il n'est pas comme d'habitude, plus rien ne l'intéresse. Il va falloir qu'il le dise à ses parents.

© Vincent CUVELLIER et Dorothée de MONFRIED/ Hélium

Cet album au texte très court nous entraine dans les rêves de petit garçon. Il est beau et tendre et offre une première approche des préjugés et de l'amitié.


La grande dame et le petit garçon

Une belle proposition que cet album grand format, "La grande dame et le petit garçon" de Geert De KOCKERE et illustré par Kaatje VERMEIRE.

© Geert De KOCKERE et Kaatje VERMEIRE/ Rouergue

Une grande dame habite dans la même ville que celle du petit garçon, il passe devant chez elle.C'est une géante, une ogresse c'est sûr! Elle a toujours un énorme sac avec elle dans lequel peut être captif un enfant, une robe très longue capable de cachés deux enfants. L'enfant se dit: "Elle sort sur son balcon et, d'un grand mouvement du bras, les attrape au passage. Avec son ombrelle. Comme ça se présente. Au petit bonheur. Puis elle les enferme dans une grande cage à oiseaux. Jusqu'à l'heure du repas". C'est sûr c'est une ogresse et puis un bruit monstrueux s’échappe quelques fois par sa fenêtre ouverte.

Il y a quelque chose en elle de pas normal. Le petit garçon se sent attiré: c'est sûr, c'est une ruse. Mais quand elle finit par lui parler, sa voix est douce et elle lui offre une carte à jouer avec un chat dessus.
Quelle est donc cette ogresse et pourquoi ne revient-elle plus au marché?

© Geert De KOCKERE et Kaatje VERMEIRE/ Rouergue

L'album décline un thème de conte, l'ogresse. La vieille dame est grande et solitaire. Ses gestes sont mystérieux. Elle amplifie certaines peurs du garçon, comme celle de traverser la ville ou de rencontrer des adultes seul.
C'est aussi une certaine forme de partage et d'échange intergénérationnel qui s'offre là.

© Geert De KOCKERE et Kaatje VERMEIRE/ Rouergue

Les illustrations de Kaatje VERMEIRE offrent un plus avec un côté désuet et presque poussiéreux. Ses devantures de maisons, les habits faits de tissus rigides, les empreintes de cordelettes ou les ombres des oiseaux sont tous dans des teintes grises, noires, terres. Le garçon a seul un tee-shirt rouge, comme les cœurs sur la carte de jeu.

samedi 2 mai 2015

Habibi

Ouvrir cet énorme pavé pourrait faire peur mais Craig THOMPSON avec son "Habibi" offre une aventure et le fourmillement de détails proche d'un documentaire.

© Craig THOMPSON/ Casterman

Habibi, mon chéri ou ma chérie, affectueux comme pour un enfant. Dodola a été vendue en mariage par ses parents, à l'âge de la puberté. Son mari, un scribe, lui apprend à lire et à écrire et lui raconte des histoires. Le Coran, les "Mille et une nuits", La Bible, les poèmes deviennent des mots, des lignes.
© Craig THOMPSON/ Casterman

Son mari est tué, elle est captive et s’échappera avec Zam, un petit garçon. Elle en prend soin, il devient son enfant, son protégé, elle lui raconte des histoires, aussi. Et leur relation change petit à petit avec les années et les situations. Ils n'ont qu'une envie, être l'un près de l'autre. Ils se perdent de vue, se retrouvent, pareils mais différents.

© Craig THOMPSON/ Casterman

Dodola et Zam survivent en se protégeant l'un l'autre mais le récit ne défile pas chronologiquement. Les histoires orales prennent autant de place que leur réalité, les sauts dans le temps apportent aussi une certaine fébrilité. Comme leur vie, tout est instable, dangereux. Ils sont victimes des adultes, de l'esclavagisme, de la luxure.

© Craig THOMPSON/ Casterman

Habibi, mon chéri ou ma chérie, je t'aime. Dodola devient une femme et Zam grandit, victime aussi de ses premiers émois. La sensualité devient un autre personnage du récit. La féminité dans ce qu'elle a de matricielle, de fantasmé.

La bande dessinée est un acte de dessin mais aussi de calligraphie, cette calligraphie arabe qui ne se contente pas d'écrire des mots mais symbolisent mais dessinent une forme. L'encre a une place de choix ici: encre de vie, source d'eau. L'encre aussi dans les motifs géométriques de l'art arabisant.
Craig THOMPSON offre là aussi un condensé de culture maghrébine, le Coran mais aussi certains us, les légendes, les écrits des poètes et les histoires sensuelles.

© Craig THOMPSON/ Casterman

Il y appose avec finesse la Bible, des philosophes ou scientifiques, quelques peintures de notre culture (Jean-Louis GEROME, les odalisques, INGRES, ROSSETTI... ou... le chat de Cheshire?!). Ce n'est pas de l'Orientalisme ou de l’exotisme féerique mais une ouverture sur un monde incroyable, de a langue et de la spiritualité pourtant mise à mal par la réalité fictive de l'auteur
Dodola devient ainsi un Bouraq, sorte de sorcière, monture des prophètes, témoin des écrits sains. Grande sœur, maman, amante et passeuse d'histoires. (cf extrait ici)

A ce récit épique, dans le désert, les hammams, le sultanat, se mêle aussi étrangement des éléments de sur-industrialisation, de toxicité apportée par les humains. L'eau devient une denrée encore plus que rare, les détritus prennent toute la place et l'humanité ne montre pas son meilleur jour.
Sur 700 pages, l'homme et la femme se présentent dans leur trivialité et leur mauvais fond. Rares sont les personnages qui s'en sortent. L'auteur apporte aussi des thèmes plus tabous dans cette culture.

© Craig THOMPSON/ Casterman

Là est peut-être le bémol à ce magnifique ouvrage: l'auteur propose de la magie, du graphisme, du symbolisme, un récit d'amour avec ses deux héros mais aussi d'autres détails plus lourds, plus glauques (le violence sexuelle est un élément de pouvoir et la personne n'est qu'une chose). Le propos sur la masculinité, le désir, l'enfantement et la volonté de parenté aurait pu se suffire. Peut-être une volonté de l'auteur de proposer à son lecteur de revenir pour y lire une autre trame, à chaque étape de notre vie.