jeudi 5 avril 2018

"[...] on trouve à peu près partout ce qu'on appelle par exemple des rituels d'ensauvagement, autrement dit la possession par l'esprit de l'animal qu'on va chasser." - Selon Vincent


"Deux ans se sont écoulées entre cette ligne et la précédente. Il y a eu du vent, de la pluie, du soleil, des multitude d'oiseaux, quelques baleines, des renards, des conversations muettes, des légumes qui ont poussé, un peu de pêche, un peu de chasse, la tonte des moutons, quelques allers-retours à Rio Verde, le troc, la vente, l'achat de denrées, le vent, la pluie, le soleil et ainsi de suite. Et la belle lenteur des jours, la triste lenteur des jours, des silences qui enserrent les tempes, des silences massifs et lointains qui enveloppent tout, des silences cristallins qui font pleurer la nuit, des fracas de tempêtes comme des combats de géants, la beauté violente du monde, la tristesse infinie du monde, et puis un voyage à Punta Arenas où j'ai acheté quelques cartes topographiques et plusieurs livres, dont un trop encombrant qui m'a lancé un signe datant de plus d'un siècle."

"Rosario [...] pensait à tous les lieux qu'il avait parcourus depuis des années, dans lesquels il ne savait plus s'il avait eu la sensation de se dissoudre, ou de se dilater dans l'espace, de consolider ou d'épuiser ainsi son être et son esprit [...] L'apparition de la complexité avec la première cellule, puis les protozoaires, les organismes pluricellulaires, les plantes, les insectes, les vertébrés, l'homme avec sa conscience de soi, sa capacité à analyser, nommer, complexifier le réel, le réduire, le maîtriser, le démultiplier [...]."
(extraits de "Selon Vincent" de Christian GARCIN, Babel, Actes sud)

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