mardi 9 février 2010

Comment Wang-Fô fut sauvé

Ce petit conte de Marguerite YOURCENAR « Comment Wang-Fô fut sauvé » est une belle entrée dans les traditions de la Chine.

Wang-Fô est un vieux peintre nomade, peignant de part son pays, ne faisant que peu de cas de l’argent. Il lui arrive d’échanger ses œuvres avec ceux qui les apprécient contre un bol de riz. Ling, son jeune serviteur, se complait à lui tenir compagnie, à voler si nécessaire pour que le peintre soit constamment libre de ne penser qu’à son art. Mais voilà que l’Empereur des Han (Grande Chine) vient les arrêter pour une raison étrange. Le destin semble très peu propice à Ling et son maître. Et toute la question comment Wang-Fô devient naturelle.

Ce tout petit conte me comble bien-sûr par sa fin. J’aurais pourtant aimé être embarquée plus longtemps dans ce mode de vie nomade, miséreux et également sage. J’aurais aussi apprécié encore plus de détails de ce palais impérial, de cette autorité suprême, de cette liberté de mouvement du peintre contre cet isolement de l’empereur.
Le plaisir de lecture fut dans les détails colorés, les regards d’artiste de ce vieux peintre. Tout est prétexte à admiration : paysage, ombre sur un mur, broderie des soldats l’embarquant etc. Bien-sur aussi Marguerite YOURCENAR donne envie de regarder à nouveau la peinture chinoise, ces lavis, ces encres, ces détails si infimes et pourtant plein de vie.
Et puis cette raison superbe de détester ce peintre.


Georges LEMOINE propose des illustrations vraiment douces, comme faites de sables mais je n’ai pas vraiment eu l’impression d’être en Chine. J’imagine que les enfants suivent ainsi l’histoire avec des repères plus « occidentaux ». « J’ai l’impression de ne pas avoir illustré cette histoire du peintre Wang-Fô. J’ai seulement marché sur les chemins où lui-même et Ling venaient de passer. » (extrait tiré de cette source). J’aime par contre énormément cette illustration de couverture. Toute la sagesse dans les rides d’un homme.


Ce petit conte donne envie d’aller plus avant, de lire toutes les "Nouvelles orientales" de Marguerite YOURCENAR, parce que malgré mes frustrations (sûrement dues à une « simplification » du texte), l’amorce me plait, me tente et m’invite jusqu’à la fin. Je vous invite à lire deux essais sur ce conte : le langage des teintes rouges et un essai sur le taoïsme dans la nouvelle. Et voici aussi une fiche pédagogique pour l’amener en classe.

Livre lu dans le cadre du Challenge Lectures d'école.

2 commentaires:

  1. Comment Wang fo fut sauvé est aussi une vidéo. Je ne me souviens plus de l'éditeur, mais je l'ai trouvé dans une médiathèque et je m'en suis régalée avec mes garçons.
    Et je confirme : il faut lire TOUT Marguerite Yourcenar. C'est une bonne idée de commencer par les Nelles orientales. Mon préféré, longtemps relu une fois par an, est L'oeuvre au noir.

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  2. Lyjazz: j'ai vu le dessin animé sur youtube et je comprend que la magie opère encore. De YOURCENAR je n'ai lu que "Mémoires d'Hadrien" mais je vais lire encore. Merci de la référence.

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