lundi 26 novembre 2012

La question de 10 heures du soir

Ce livre est arrivé dans mes étagères pour sa quatrième de couverture mais bien plus pour ce dessin d'un oiseau étrange. "La question de 10 heures du soir" de Kate De GOLDI est bien cela, étrange.


Frankie est un garçon de 12 ans. Il vit dans une banlieue de Nouvelle-Zélande. Tous les jours il part à l'école, retrouve son copain Gigs, fait le même parcours. Il est angoissé, hypocondriaque et se réconforte avec des habitudes, quelques petits rituels et surtout la question de 10 heures du soir posée à sa mère dans sa chambre.
Un matin, une nouvelle élève arrive, Sydney. Elle n'est pas du tout comme les autres filles. Elle porte des dreadlocks, a un piercing, se couds ses vêtements, fait du cricket mais surtout ne sait pas que les garçons et les filles restent séparés. Elle est spontanée, décomplexée, curieuse et pleine de vie. Elle va être la source et le catalyseur de multiples questions. Ce ne sera plus des angoisses sur les maladies possibles, sur les préparatifs de survie en cas de catastrophe mais une réflexion sur soi et sur la folie.

Sydney catapulte les rouages de cette vie. Et comme elle fait la roue dans la rue sans se soucier d'être en jupe, elle court-circuite les liens habituels entre Frankie et sa famille. La maman compréhensive, le père nonchalant, la grande sœur bourrue et agressive, le grand frère fuyant et débrouillard. Parler du tabou de cette mère cloitrée chez elle depuis 9 ans entraine d'autres formes d’échange.
Grâce aux discussions avec ses amis Gigs et Sydney, sur leur monde de l'enfance en chiloun, dialecte inventé mélangeant le russe, le verlan et l'argot et l'italien, mais aussi à force de questions abruptes et à travers un projet littéraire d'école que Sydney va écrire et Frankie illustrer, le passage de l'enfance à l'adolescence se fait. Le point de vue se fait plus relatif et compréhensif.

Les mères ont ici un impact important, pour ce qu'elles sont et apportent (ou n'apportent pas) et aussi pour leur folie.
Deux manières d'être mère se confrontent: une mère ne croit pas en l'école ni au travail, se fait entretenir par les hommes et se sert de sa grande fille comme d'une nounou, l'autre a été trop bouleversée par la vie et ne sort plus de chez elle. L'une est maternante, l'autre non et pourtant toutes deux imposent à leur enfant une responsabilité hors de leur âge.
Comment grandit-on avec cette pression?

La transformation de Frankie se lit aussi dans ses dessins: des personnages par mimétisme artistique, vers une copie de naturaliste des oiseaux et ensuite à un style et à la création d'une espèce ornithologique... Les goûts russes de sa mère, musique et littérature, sont aussi une trame de fond. Les œuvres russes sont tristes, comme la vie. Est-ce qu'il faut alors envisager une fin tragique ou juste se dire qu'elles sont là que comme un référent?

C'était une lecture plaisante mais assez décevante, j'attendais une réflexion plus aboutie sur la psychologie fragile, des mères, de Frankie... Elle reste néanmoins très révélatrice d'un état d'esprit de jeune garçon et de ses relations à sa famille, à ses amis et l'amour comme potentialité.

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