vendredi 7 décembre 2012

Pagaille

"Pagaille" d'Edward VAN DER VENDEL et illustré par Carll CNEUT est un petit roman illustré qui fait du bien. Il apporte bonne conscience.

© Edward VAN DER VENDEL et Carll CNEUT/ Rouergue

Solal est un garçon bizarre. Il est un peu mis sur la touche, premier de la classe avec un bandeau en rééducation d'un œil paresseux. Il écrit l'histoire de cet été-là pour être lu d'une petite nouvelle à l'école, Lotus.
Solal suit souvent ses grands-parents dans le jardin potager ouvrier. Il a une cabane sous le pont de la voie ferrée et le plus souvent possible il y joue seul. Jusqu'au jour où deux enfants le trouvent. Solal sait que ses jeux et sa tranquillité sont finis. Ils vont se moquer en plus.
"L'une des mains a tapoté un des sièges.
"Moi peux?" a demandé le garçon.
"Oui, assieds-toi."
Je connais la musique: ne pas compliquer les choses, ne pas râler. Comme ça le temps passe plus vite. Comme ça on oublie tout plus vite.
[...] Peut-être que j'ai une chance de m'en tirer."
Mais ce sont les deux garçons qui ont eu peur de lui, les deux garçons noirs. Ils ont peur du rouge et du noir: "Kiko et Flamme venaient de loin. Leur pays était loin et ils étaient loin de leur pays. [...] Leur pays est noir et rouge, noir à cause de la guerre, rouge à cause du sang." Ils sont clandestins et vivent pour l'instant dans une cabane du jardin ouvrier.
Ils deviennent amis et découvrent aussi Pagaille. Elle n'existe pas, ou pas vraiment. "Elle n'existe pas pour de vrai. C'est un esprit. Un petit fantôme ou un ange. Une sorte de rêve peut-être. On ne la voyait pas, ça faisait bizarre. On entendait sa voix, ça faisait encore plus bizarre." Grâce à Pagaille, les sujets difficiles sont explicités, doucement, par des jeux, anodins ou très révélateurs. La vie de Kiko et Flamme, la différence avec celle de Solal, leur point commun, aussi.

© Edward VAN DER VENDEL et Carll CNEUT/ Rouergue

A travers les chapitres destinés à Lotus, le harcèlement des enfants apparait en filigrane mais aussi, et surtout, l'ouverture d'esprit et la tolérance d'autres enfants, leur capacité à parler aussi de l'indicible. La capacité a gardé un secret.

Le texte est porté par les illustrations toujours aussi particulières de Carll CNEUT. Au fil des pages, les jeux des enfants mais aussi des images d'un passé douloureux. Subtile et efficace.
Une autre illustration ici.

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