dimanche 18 décembre 2016

Le moindre des mondes


Le pasteur Baldur est parti à la chasse à la renarde rousse. "Elle dansait debout sur ses pattes arrière et on aurait dit qu'elle planait au-dessus du sol; en ondulant telle une anguille dans une rivière.
La quatrième apparition poussa un cri quelque part dans la nuit, invisible dans l'obscurité:
Agg-agg!
L'homme se ressaisit. De ce côté du pays, les renardes au pelage roux étaient si rares que la présence d'une seule d'entre elles donnait lieu à une histoire dans la ferme voisine. On parlait de la Noiraude, de la Timide, de Celle-qui-dansait, de Celle-qui-glapissait; pourtant, il s'agissait toujours de la seule et même renarde."
Ce jeu de cache-cache, d'intuitions, pour la vie ou la mort, les entraine encore plus haut, vers les crevasses, en plein milieu de la tempête de neige. Un pas après l'autre, il la suit et quand il la perd, elle appelle. Elle l'appelle...
Au même moment, un assistant du pasteur, Halfdan, va chercher une dépouille chez le botaniste Fridrik. Une apparition sur le cheval et pourtant un simple d'esprit en descend, à la sueur acre de café. Il vient pour la "camabé de la caille"... la "famabhée de la quille"... "le bacchimée de la faille", enfin "le macchabée de la fille". En prenant un thé, face au poêle de faïence, il ne sait pas encore que sa vie va changer. Fridrik se charge de ce qu'il peut. De mettre en ordre la fin de vie de Hafdis, cette jeune femme atteinte de la maladie de down ou trisomie 21. Une jeune femme aux borborygmes véritable langage, abandonnée, recueillie, fiancée de l'idiot du pasteur. Une jeune femme catalyseur d'un monde... une fois morte, il faudra rendre des comptes.


Sjon offre avec "Le moindre des monde" le moment charnière de plusieurs existences. Dans cette nature sauvage, emplie de divinités, le folklore laisse la place à l'appel de la vie. La renarde rousse, normalement bleue ou Skugga-Baldur (titre en version originale), se joue de l'homme. Quand un autre homme tente lui de proposer un  juste retour des choses. Une délicatesse si discrète, juste de toutes petites attentions qui marquent pourtant le meilleur de l'homme.
Ce très court roman nous emmène dans le tragique du rapport humain, du handicap. Il marque aussi la puissance de la nature et de la vie pour reprendre ses droits. Puissant!

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